CECI n'est pas EXECUTE Mondes américains : Colloque 2007 : Les lunettes pour voir et les mots pour dire. L’outillage mental des acteurs de l’économie

L'Association | Colloques

Colloque 2007 : Les lunettes pour voir et les mots pour dire. L’outillage mental des acteurs de l’économie

Les actes de ce colloque ont été publiés en 2009 : voir ici

Congrès de l’Association française des historiens économistes, avec le soutien de l'IUF et de l'IFRESI (région Nord-Pas-de-Calais) et de la MSH Ledoux (Besançon).

Organisation : Jean-Claude Daumas, Gérard Gayot, Philippe Minard et Didier Terrier

 

23 et 24 novembre 2007

Amphi Gustave Roussy, escalier B, 2e étage au Campus des Cordeliers, 15, rue de l'École de médecine, 75006 Paris (métro Odéon)

 

Dans le domaine de l’économie, on a coutume de considérer l’action sous l’angle du calcul et du risque calculé : plusieurs rencontres scientifiques récentes ont été consacrées à l’information économique, aux modalités de la décision, aux ressources analytiques de la comptabilité. Mais au-delà de la rationalité plus ou moins assurée du calcul tactique immédiat, les stratégies économiques des différents acteurs reposent sur des représentations, des convictions, des manières de se situer dans la société, des façons d’incorporer les schèmes de pensée dominants, bref une vision du monde et de soi, une grille de lecture propre à chacun, qui, même si bien des composantes sont partagées par le groupe, la classe ou la famille auquel on appartient, agissent tout à la fois comme autant de contraintes et de ressorts pour l’action.

Quelle vision de l’économie ont les acteurs économiques ? C’est sur cette opération de déchiffrement du monde social que nous proposons de revenir, en examinant les modalités de construction, d’appropriation et de transmission des représentations mentales et des catégories intellectuelles à travers lesquelles l’action économique est engagée, vécue, pensée et jugée.   Dès lors, loin de tout psychologisme, on s’interrogera sur les modes de lecture qui permettent aux acteurs d’orienter leur action, mais aussi, plus largement, sur le rapport au monde qui sous-tend leur engagement dans l’action. On se situera donc au niveau des acteurs, et du terrain de l’action, et non au plan de l’histoire de la pensée économique et des auteurs canoniques.

Cette anthropologie des acteurs en situation suppose qu’on rende compte non seulement de la « boîte à outils » dont ceux-ci disposent, des indicateurs qui constituent leur « tableau de bord », mais aussi des catégories morales qui orientent leur jugement et leur permettent de qualifier leur action, qu’il s’agisse des représentations de l’espace et du temps, du travail, de la valeur et de la richesse, ou bien des modèles sociaux à partir desquels chacun construit son rôle, définit ses objectifs et légitime sa pratique.

Pour les saisir, de nombreuses sources peuvent être mobilisées. On peut penser en premier lieu aux archives dédiées que sont les correspondances, journaux intimes et  carnets de route, explicitement consacrés au déchiffrement personnel du monde environnant. Mais plus largement, par-delà  les diverses formulations des attentes, espoirs et revendications explicites que livrent notamment les écrits du for intérieur, nous pensons aussi à l’ensemble des sources de la pratique, qu’elles soient écrites ou non-écrites. Toutes ces sources permettent de lire en creux, de façon indirecte, un rapport au monde et des manières de voir, de penser : on peut alors décrypter les schèmes, concepts et jugements qui fondent et expriment tout à la fois l’action et l’impensé de l’action.

Ce questionnement s’applique à toutes les aires culturelles, par-delà les structures anthropologiques, religieuses ou intellectuelles propres à chaque civilisation, quel que soit le degré d’intrication (embeddedness) de l’« économique » dans la société. Nous souhaitons donc pouvoir soumettre l’outillage mental dont disposent les acteurs de l’économie au test de la comparaison dans la longue durée, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.

Par acteurs de l’économie, nous entendons tous ceux qui participent directement aux activités de production et d’échange, hommes ou femmes, libres ou non-libres, insiders ou exclus, qu’il s’agisse de personnes ou d’acteurs collectifs : on recherchera justement en quoi le genre, la classe, la caste et, d’une manière générale, l’altérité  font la différence, parmi les différents types d’agents (paysans, marchands, négociants, entrepreneurs, banquiers, commis de l’État, artisans, ouvriers, moines, seigneurs, rentiers, etc.) qui oeuvrent tant à la ville qu’à la campagne, sur terre et sur mer, et ce à quelque échelle que ce soit.

Vendredi 23 novembre 2007

9 h : Accueil

9 h 15 : Introduction : Claude Riveline (École nationale supérieure des Mines de Paris)

I. Des catégories aux pratiques

Président de séance : Denis Woronoff (Université de Paris I)

Discutant : Serge Chassagne (Université de Lyon II)

9 h 30 : Yves Coativy (Université de Bretagne occidentale) : L’outillage mental des changeurs à la fin du Moyen Âge

9 h 50 : Jean-Philippe Priotti (Université du Littoral) : À chacun sa vision des affaires. Marchands de la mer et de l’intérieur (France-Espagne, XVIe siècle)

10 h 10-10 h 25 : Pause

10 h 25 : Vincent Demont (Mission historique française en Allemagne) : L’organisation d’une spécialisation : orfèvres et joailliers dans l’Empire romain germanique au début du XVIIe siècle

10 h 45 : Guillaume Garner (Mission historique française en Allemagne) : « Intérêt personnel »/ « intérêt collectif », « subsistance »/ « profit » : corporations et marché en Allemagne aux XVIIe et XVIIIe siècles

11 h 05 : Guillaume Carré (EHESS) : Mitsui et le prêt aux Daimyô. Considérations et pratiques de financiers vis-à-vis d’une activité à hauts risques

11 h 25 : Pierre Gervais (Université de Paris VIII) : « I should like however some good marchandize for me » : évaluation des risques, stratégies interpersonnelles et incalculabilité dans les pratiques marchandes vers 1800 aux États-Unis

11 h 45-12 h 45 : Discussion

II. Les représentations de l’ordre économique

Président de séance : François Crouzet (Université de Paris IV)

Discutante : Corinne Maitte (Université de Marne-la-Vallée)

14 h : Karine Audran (Université de Bretagne-Sud) : Commerce réel et commerce pensé dans les zones portuaires bretonnes. Contribution à l’histoire des mentalités négociantes sous la Révolution et l’Empire

14 h 20 : François Jarrige (Université d’Angers) : Dire le refus des machines : les pétitions ouvrières et les représentations de l’ordre économique en France en 1848

14 h 40 : David Todd (Trinity Hall, Université de Cambridge) : La naissance du « patriotisme économique » : sentiment national et échanges commerciaux en France, 1814-1851

15 h : Marie-Lucie Rossi (Université de Paris I) : Le métayer chez « Casa Spalletti » de 1821 à 1922 : un « associé parfait en affaires » ?

15 h 20-16 h : Discussion

16 h-16 h 15 : Pause

16 h 15-18 h : Assemblée Générale de l’AFHE

Samedi 24 novembre 2007

III. L’horizon intellectuel des patrons

Président de séance : Gérard Béaur (EHESS)

Discutante : Danièle Fraboulet (Université de Paris XIII)

9 h : Jean-Paul Barrière (Université de Lille III) : Veuvage féminin et choix économiques dans la France du XIXe siècle : familles, métiers, représentations

9 h 20 : Agnès D'Angio-Barros (ministère de l'Économie et des Finances) : La pensée économique d’Eugène Schneider, co-fondateur et gérant de la société Schneider et Cie (1824-1870)

9 h 40 : Sylvie Vaillant-Gabet (Université de Lille III) : « Mais ce que je vois avec un véritable effroi… » : Confessions d’Henri Sieber (1804-1882), négociant parisien au royaume duquel les grands industriels sont rois

10 h-10 h 15 : Pause

10 h 15 : Christophe Lastécouères (Université de Bordeaux II) : Le banquier Armand Gommès : de l’aveuglement intellectuel à la myopie au désastre

10 h 35 : Hubert Bonin (IEP de Bordeaux) : La perception des risques du nationalisme anti-impérial par les dirigeants d’entreprise : le cas de trois compagnies ultramarines dans les années 1940-1950

10 h 55 : Catherine Vuillermot (Université de Franche-Comté) : Les mots pour le dire : les autobiographies des grands hommes d’affaires contemporains

11 h 15-12 h 15 : Discussion

IV. Quand l’État pense l’économie

Président de séance : Laurent Feller (Université de Paris I)

Discutant : Michel Margairaz (Université de Paris VIII)

14 h : Fanny Billod (Université de Franche-Comté) : L'archiduc d'Autriche Joseph Rainer en Bohême en 1806 : entre journal de voyage, enquête topographique et stratégie économique

14 h 20 : Régis Boulat (Université de Paris XII) : La productivité, un nouvel indicateur pour « l’homme d’action » ? (France - années cinquante)

14 h 40 : Daniel Berthereau (Université de Paris IV) : L’outillage mental des rapporteurs de la Commission de vérification des comptes des entreprises publiques (1948-1976)

15 h : Jean-François Grevet (Université de Lille III) : Visions de l’industrie de hauts fonctionnaires et de grands patrons dans les Trente Glorieuses : le cas de l’industrie du poids lourd

15 h 20-16 h : Discussion

16 h : Conclusion : Gérard Gayot (Université de Lille III, Président de l’AFHE)

EHESS
Hypothèse