CECI n'est pas EXECUTE Mondes américains : Nicolas Hatzfeld, Les échelles du travail

Actualité | Thèses et habilitations

Nicolas Hatzfeld, Les échelles du travail

Histoires d’usine, les échelles du social. Les maladies du geste. Contribution à une histoire du travail

le 5 décembre 2009

Soutenance d'une demande d’habilitation à diriger des recherches en histoire contemporaine :

devant un jury composé de Catherine Omnès (garante)

Patrick Fridenson, Jean-Louis Loubet, Paul-André Rosental, Olivier Schwartz et Jonathan Zeitlin

à l'Université de Paris Ouest Nanterre La Défense

 Bâtiment B, salle B016

de 9 heures à environ 13 heures

« Jeudi 11 janvier1996

A huit heures, j'ai rendez-vous avec un médecin du service médical central. Étourdi, j'entre dans un bureau d'infirmerie où je ne suis pas attendu. Une infirmière essaie au téléphone de trouver qui doit me recevoir. Pendant ce temps, l'infirmière d'à côté fait passer une visite médicale à un homme de mon âge. Analyse d'urine, taille, questions et un test manuel qui m'intrigue : serrer avec chaque main un petit instrument métallique en acier chromé et laiton qui comporte un cadran gradué servant à mesurer la force de chaque main. Mais l'homme, si j'ai bien compris, occupait des fonctions techniques et va devenir chef d'équipe. Sa force manuelle n'a donc guère d'importance. Y a-t-il du symbolique dans ce test ? De la routine ? Ou une raison médicale précise et mystérieuse ? »

« Mardi 6 février1996

Mon séjour s'achève bientôt et je veux tirer au clair une question qui me tracasse depuis les premiers jours. Avant le travail, je retourne donc au service médical voir l'infirmière que j'avais vu faire passer les visites médicales. Je l'interroge sur un test de force manuelle, qu’elle faisait pratiquer sans raison apparente. Ma question l'amuse un peu : effectivement, ce test est encore presque systématique bien que souvent inutile, comme d'autres pratiques obsolètes selon elle. Bien souvent, ce sont les "visités" eux-mêmes qui demandent l'appareil de mesure, comme on fait souvent pour voir si l'on a gardé ses capacités. Mais ce n'est peut-être pas tout. L'usage des mains reste un enjeu essentiel de l'organisation du travail ouvrier, comme le montre l'importance croissante que prend le problème du syndrome carpien. Est-ce que les "visités" de cette infirmerie veulent en fin de compte passer un "test carpien" ? »

Vivement dimanche soir, journal de terrain à Peugeot-Sochaux.

Le jeudi 8 février suivant, sur mon poste en chaîne, je reçois une enveloppe par le courrier interne, en provenance du service médical. Elle contient l’instrument métallique : un dynamomètre de Colin, offert par l’infirmière.

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